Cahiers d’études africaines – Appel permanent à contributions

APPEL PERMANENT À CONTRIBUTIONS — PERMANENT CALL FOR PAPERS

Version en français
Revue internationale et interdisciplinaire bilingue (français et anglais), les Cahiers d’Études africaines (https://journals.openedition.org/etudesafricaines/) publient des articles inédits, à propos de l’Afrique dans toutes ses extensions, qui témoignent des tendances de pointe de la recherche, théoriques et méthodologiques, et des discussions que celles-ci suscitent. Cet appel permanent à contributions pour des articles varia vise à susciter des propositions sur des thèmes, des approches, des espaces et des modes d’écriture variés et novateurs.

Il invite en particulier, mais sans exclusivité, à soumettre des articles :

1- qui placent au cœur de leur démarche le décloisonnement de l’aire culturelle « mondes
africains » et de son corollaire académique, les « études africaines » ; cette aire culturelle est mise sous pression par son extensibilité, si ce n’est son éclatement anthropologique, historique et géographique, due à des mondes afro-américains et afro-européens, mais aussi afro-arabes et afro-asiatiques, dont les contours sont l’objet même de discours dont les ressorts requièrent d’être étudiés ; faire bouger les frontières de l’aire culturelle peut amener à prendre à bras le corps des notions et leurs usages, comme celle de diaspora — qui est un produit historique induit par des phénomènes migratoires ou de déportation, mais aussi une rhétorique utilisée pour penser et imaginer autant l’unité dans la dispersion et les continuités que les ruptures irréversibles, telle celle produite par les traites esclavagistes — que de porter le regard sur des cas peu explorés de réseaux et de connections pratiques, discursifs ou idéels grâce auxquels repenser l’idée de mondes africains et de diaspora.

2- qui interrogent, en lien avec cette perspective de décloisonnement des mondes africains, le panafricanisme sous ses différentes formes et dans la durée ; il s’agit de s’intéresser au panafricanisme comme discours et comme pratique renvoyant, selon ses lieux, temps et acteur.trice.s de production, à une idée d’Afrique mouvante et non consensuelle, incluant ou excluant les diasporas, l’Afrique du Nord ou encore les îles de l’océan Indien ; la tension entre un panafricanisme afrocentrique parfois arrimé à des perspectives patriotiques et un panafricanisme ouvert et inclusif, selon les objectifs que les acteur.trice.s assignent au panafricanisme — tension qui se repère autant par le passé que dans le néopanafricanisme actuel — peut être utilement étudiée ; il est conseillé de le faire en privilégiant non pas des approches centrées sur les grandes figures politiques ou intellectuelles du panafricanisme, comme on le voit souvent, mais en partant d’objets et de figures politiques décentrés, ceci en se demandant également ce que le genre, la classe, et les appartenances font au panafricanisme et réciproquement.

3- qui portent sur les figures, les lieux et les institutions de la production du savoir dans les mondes africains ; on s’intéressera tout autant au compagnonnage de la recherche et à ses facettes et enjeux multiples, souvent imbriqués, selon le rôle et le statut des acteur.trice.s impliqué.e.s — assistants, collaborateurs, compagnons, intermédiaires, interprètes, guides, érudits et scripteurs locaux, collecteurs de sources et de matériaux, inspirateurs voire inventeurs d’idées et de concepts, parfois aussi ami.e.s voire bien-aimé.e.s…. — qu’aux entreprises personnelles ou institutionnelles, plus ou moins connues ou visibilisées, de connaissance ; celles-ci peuvent être relativement autonomes, c’est-à-dire plus ou moins détachées d’une participation à des enquêtes menées dans des environnements avec lesquels ces acteur.trice.s sont familiers mais avec lesquels ils peuvent aussi entretenir un rapport d’étrangeté ou de mise à distance ; ces statuts et modes de production du savoir s’entrelacent, dessinant les contours de collaborations faites d’intérêts partagés et d’asymétries de tout ordre.

4- qui reflètent le retour de la biographie en sciences humaines et sociales : il s’agit, partant de la vie d’un individu (ou d’un petit groupe d’individus), de mettre en rapport les aspects intimes et personnels du vécu avec une situation politique et sociale ; refusant toute vision téléologique, les textes chercheront à s’éloigner des formats classiques de la biographie ou du récit de vie linéaire et strictement descriptif — propre par ailleurs à fabriquer constance, cohérence et unité — pour donner à voir la construction et la subjectivation toujours fragmentées et situées des individus, avec toutes leurs aspérités et leurs contradictions ; une telle démarche permet de dresser ce que l’on pourrait appeler des « portraits biographiques » par bribes, intégrant les à-coups et les bifurcations du vécu, ceci toujours en réinsérant ces portraits dans une époque et une situation sociopolitique caractérisée par des asymétries et des principes de division que le cas étudié permet de dépeindre, si ce n’est d’expliquer à nouveaux frais.

5- qui, en lien avec de tels portraits biographiques, portent sur des hommes et des femmes politiques fameux mais de second plan (voire sur des « couples politiques »), c’est-à-dire fortement impliqué.e.s dans le champ politique de leur époque, mais qui ne sont ni « grands hommes » (héros, chefs de guerre ou de royaume ou d’État, pères de la nation, etc.) ni non plus marginaux ou encore moins sans voix ; ayant joué un rôle dans la vie politique sans pourtant avoir pu peser pleinement sur le cours des choses, ces figures politiques peuvent renvoyer aux cas bien connus du big man et de l’entrepreneur en politique à cheval avec le monde économique, mais partiellement empêchés voire malmenés ou évincés, si ce n’est soumis à l’opprobre ou confrontés au déclassement ; leur portrait biographique autorise à la fois l’exploration d’une singularité par cas mais aussi la description et l’explication des ressorts de classe et genrés, racialisés et ethnicisés, du monde social et politique.

6- qui, enfin, s’autorisent des formats et des modes d’écriture originaux : présentation de documents, sources et matériaux ; publication de brouillons, de carnets de terrain et leurs notes d’accompagnement ; écriture à plusieurs mains, en particulier entre auteur.trice.s issu.e.s de champs différents ; approches mixtes qualitatives et quantitatives ; entretiens ; retours d’expérience et réflexivité méthodologique ; chroniques bibliographiques…. Les propositions de formats différents et originaux sont bienvenues.

Les propositions sont à envoyer (sans limitation dans la durée) à l’adresse suivante :
cahiers-afr@ehess.fr

English version
Cahiers d’Études africaines (https://journals.openedition.org/etudesafricaines/) is a bilingual (French and English), international, interdisciplinary journal that publishes original articles on Africa in all its dimensions around the world, reflecting cutting-edge research trends and discussions, both theoretical and methodological. The aim of this permanent call for papers is to encourage proposals on a variety of innovative themes, approaches, spaces and modes of writing.

In particular, but without exclusivity, it invites the submission of articles that:

1- thoroughly reflect on the decompartmentalization of the area ‘African worlds’ and its academic corollary, ‘African studies’; this area is put under pressure by its extensibility, if not its anthropological, historical and geographical splitting, due to the fact that the contours of the Afro-American and Afro-European worlds, but also the Afro-Arab and Afro-Asian worlds, are the very object of discourses whose motives require close scrutiny; shifting the boundaries of areas studies can lead us to embrace various notions and their uses, such as ‘diaspora’—which is a historical product of migration or deportation, but also a rhetoric used to think and imagine unity in dispersion and continuity, as well as irreversible ruptures, such as that produced by the slave trade—and to look at little-explored cases of practical, discursive or ideal networks and connections through which to rethink the idea of African worlds and the diaspora;

2- examine pan-Africanism in its various forms and over time, in relation to the above  mentioned objective of decompartmentalising African worlds; the aim is to examine pan-Africanism as a discourse and as a practice that, depending on where, when and by whom it is produced, refers to a shifting and non-consensual idea of Africa, including or excluding the diasporas, North Africa or the Indian Ocean islands. The tension—which one can see in the history of Pan-Aricanism as well as in the new forms it currently takes—between an Afrocentric pan-Africanism that is sometimes tied to patriotic visions, and an open and inclusive pan-Africanism, depending on the objectives that the actors assign to Pan-Africanism, can be usefully studied; it is advised to do this not by favouring approaches centred on the great political or intellectual figures of pan-Africanism, as is often the case, but by starting from decentred political objects and figures, and by also asking what gender, class and belonging do to pan-Africanism and vice versa;

3- study the figures, places and institutions involved in the production of knowledge in the African worlds; the focus will be as much on the companionship of research and its multiple and often intertwined facets and issues, depending on the role and status of the players involved: assistants, collaborators, companions, intermediaries, interpreters, guides, local or homespun scholars and writers, collectors of sources and materials, inspirers and even inventors of ideas and concepts, sometimes also friends or even loved ones…. as on relatively autonomous initiatives and projects, i.e., more or less detached from participation in research carried out in environments with which these players are familiar, but with which they may also have a relationship of estrangement or distancing; these statuses and forms of knowledge production intertwine, outlining the contours of collaborations made up of shared interests and asymmetries of all kinds;

4- reflect the biographical (re)turn in the humanities and social sciences: Starting with the life of an individual (or a small group of individuals), the aim is to relate the intimate and personal aspects of life experience to a political and social situation; rejecting any teleological vision, the papers will seek to move away from the traditional formats of the linear and strictly descriptive biography or life story—which, moreover, tends to produce constancy, coherence and unity—in order to show the construction and subjectivation of the individuals, which are always fragmented and situated processes, full of asperities and contradictions; such an approach makes it possible to draw up what might be called ‘biographical portraits’ made of bits and pieces, incorporating the jolts and bifurcations of life experience, and this, by always placing these portraits in an era and a socio-political situation characterised by asymmetries and principles of division that the case under
study makes it possible to depict, if not to explain afresh;

5- in connection with such biographical portraits, focus on famous but secondary political men and women (or even ‘political couples’), i.e. individuals who were heavily involved in the politics of their time, but who were neither ‘great men’ (heroes, heads of war or kingdom or state, fathers of the nation, etc.) nor marginal or even less voiceless. Having played a role in political life without, however, having been able to fully influence the course of events, these political figures can be related to the well-known cases of the big man and the entrepreneur in politics straddling the economic world, but who have been partially prevented or even abused or ousted, if not subjected to opprobrium or faced with declassification; their biographical portraits make it possible to explore the singularity of each case and to describe and explain the class and gendered as well as racialised and ethnicised workings of the social and political world;

6- finally, allow themselves original formats and modes of writing: presentation of documents, sources and materials; publication of drafts, field notebooks and their accompanying notes; co-writing, in particular by authors from different fields or professional worlds; use of mixed qualitative and quantitative approaches; interviews; fieldwork feedback and methodological reflexivity; multiple book review essays, etc. Proposals of new formats are welcome.

Proposals should be sent (without time limit) to the following address:
cahiers-afr@ehess.fr