RDC, d’une intrigue électorale l’autre – Séminaire Approche narrative des élections

Le projet EleQta repose sur  un principal  postulat selon lequel il convient de bien distinguer les notions d’élection, de vote et de procédures de légitimation, qui permet de contourner les attendus du sens commun et des analyses rapides qui posent que l’élection se réduit au vote, ou plus prosaïquement, que le dévoilement du résultat du vote est la seule procédure de légitimation par les élections. A partir des enquêtes précises, il s’agit de saisir concrètement les modalités d’accession au pouvoir, de légitimation et de reconnaissance de la capacité à gouverner par les citoyens. En contournant la réduction présupposée élection-vote, il s’agit plutôt d’éviter d’imposer immédiatement un cadre théorique préconstruit sur la légitimation électorale.

Analytiquement, nous tentons de décrire comment la société s’interprète elle-même comme agissant dans l’histoire en donnant à certaines personnes un droit, au delà de la logique du mandat et de la délégation, à gouverner autrui. Nous posons que ce mécanisme opère à partir des formes immanentes d’autorité sociale par lesquels cette société s’auto-organise en termes de parts que le savoir, la parenté, le droit d’ainesse, la propriété, le sacré, la force, etc., apporte à la chose commune. Une telle démarche suppose qu’on reconnait à chaque élection le caractère d’une “intrigue historique” typique duquel les événements, organisés eux-mêmes en sous-intrigues, reçoivent une intelligibilité dérivée de leur contribution à sa progression. Une “intrigue électorale” est ainsi une hypothèse de travail par laquelle nous tentons de rendre intelligible le processus électoral étudié. La grammaire qui politise les différents pouvoirs sociaux devient ainsi saisissable par la reconstruction de l’ordre de succession des sous-intrigues spécifiques aux pays.

 

Dans le cas du processus électoral portant sur le vote de décembre 2018 en RDC, au début de notre étude en 2017 nous sommes partis d’une intrigue électorale construite comme hypothèse de travail sur base de ce que le déroulé des évènements laissaient entrevoir en ce moment-là. Cependant,  les résultats du vote du 30 décembre 2018 et la transmission du pouvoir durant l’année 2019, nous ont amené à interpréter les évènements à travers une autre intrigue électorale. Notre présentation sera basée sur la narration de ce processus électoral et des différentes séquences qui l’ont jalonné, en montrant comment la lecture des évènements nous a amené à remplacer une intrigue électorale par une autre dans notre modèle interprétatif global de ce processus.